Coup de soleil au CNRS

02/05/2019 Non Par Romie LOPEZ

Denis Guthleben

historien, attaché scientifique au Comité pour l’histoire du CNRS

La genèse du Pirdes

Extrait

En juillet 1975, le CNRS lance le PIRDES, programme interdisciplinaire de recherche pour le développement de l’énergie solaire. Le Centre répond à une demande pressante : les conséquences du choc pétrolier survenu deux ans plus tôt poussent à « la mobilisation de tout le potentiel scientifique et technique du pays dans ce domaine ».

La décision de créer le PIRDES est adoptée le 2 juillet 1975 par le directoire du CNRS. Ce dispositif constitue une nouveauté pour l’organisme : les voies de l’interdisciplinarité y ont déjà été explorées auparavant, notamment avec les actions thématiques programmées, mais elles n’ont jamais débouché sur un programme d’une telle ampleur, auquel le Centre consacre d’emblée cinq millions de francs – ce qui correspond à près de trois millions d’euros actuels. Toutefois, si la structure est nouvelle, le contenu scientifique l’est moins. Dans ce domaine, le CNRS hérite en effet de trente ans de recherches.

Le CNRS et l’énergie solaire : une histoire ancienne

Les premiers travaux sur l’énergie solaire au CNRS remontent à la Libération. En 1946, le physicien Félix Trombe, qui dirige alors le laboratoire des Terres rares à Meudon, parvient à concentrer la lumière du soleil à l’aide d’un miroir de DCA – une « prise de guerre » abandonnée deux ans plus tôt par la Wehrmacht –, et obtient de hautes températures en milieu confiné. Le rapport avec les Terres rares ? Rappelons que ce nom désigne un groupe de métaux aux propriétés proches qui, contrairement à leur appellation, sont très répandus dans la nature. En concentrant la lumière du soleil, Félix Trombe cherche en réalité à obtenir les températures lui permettant de faire fondre le minerai.

Le Centre sous le feu des critiques

Avec l’achèvement du four d’Odeillo, le Centre dispose d’un outil exceptionnel pour les recherches sur l’énergie solaire. Il a donc une carte à jouer lorsque le premier choc pétrolier éclate (octobre 1973). Face à la facture énergétique qui explose et entraîne les effets que l’on sait sur l’économie, on lui reproche cependant de ne pas remplir son rôle avec suffisamment de célérité. Au cours de l’année suivante, les médias placent l’organisme sur la sellette. Certes, ce n’est pas la première fois et ce ne sera pas la dernière. Mais, en 1974, les attaques sont très violentes. Elles sont d’ailleurs évoquées par le professeur Jean Lagasse devant le conseil d’administration du Centre.

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